Bac français : Liaisons dangereuses de Laclos

Analyse de texte ou explication de texte et lecture analytique de la Lettre II des Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos, par Julie Cuvillier, professeur de lettres dans l’académie de Nantes qui présente ainsi son activité à ses élèves : « Prépare-toi aux épreuves anticipées de français en démontrant comment la lettre II des Liaisons dangereuses de Laclos dresse le portrait de la Marquise de Merteuil. »






Ancrage au programme de première en français

  • Niveau : Première – EAF – Bac français 2014
  • Discipline : Français
  • Chapitre : Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours

Déroulé de l'activité de préparation au bac français

On demande aux élèves de suivre les étapes pour analyser le texte et construire progressivement une lecture analytique de la lettre II des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, 1782.

  1.  Lis le texte attentivement une ou deux fois (page 2).
  2.  Construis l’introduction de ton commentaire :
    – identifie chaque partie de l’introduction qui présente l’auteur et l’œuvre dont le texte étudié est extrait (page 3).
    – identifie chaque partie de l’introduction qui met en avant ta démarche analytique s’inscrivant dans le prolongement du texte (page 4)
  3.  Analyse les trois mouvements du texte (pages 5, 6, 7) en relevant les faits de langue.
  4.  Fais correspondre les faits de langue à leur interprétation (pages 8, 9 et 10).
  5.  Construis ton plan détaillé (page 11).
  6.  Prolongement (HDA) : Etude d’un tableau de Fragonard, Le Verrou.

Introduction

Introduction (1re partie) : présentation de l’extrait, de l’auteur et de son oeuvre

Le texte se compose de la lettre II des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Laclos est un auteur du XVIIIe siècle qui connut le succès exclusivement grâce à cette œuvre. Il mène par ailleurs une carrière militaire. Il est considéré comme s’inscrivant dans le courant libertin qui se définit par une grande licence dans les idées et les mœurs des personnages mis en scène. En effet, Les Liaisons dangereuses sont un roman épistolaire qui donne à voir, à travers une correspondance polyphonique, comment la Marquise et Valmont, deux roués s’amusent à pervertir et à corrompre leur entourage.

Introduction (2e partie) : présentation de la démarche adoptée (problématique, plan)

Cette deuxième lettre de la Marquise adressée à Valmont, la définit, présente ses projets et esquisse le rapport qui lie les deux protagonistes. C’est pour quoi nous nous demanderons comment cette lettre dresse un portrait de la Marquise. Nous montrerons, tout d’abord, en quoi cette lettre noue l’intrigue, mais peint également la société dans laquelle les personnages évoluent et le personnage de la Marquise lui-même.

Analyse du texte

Premier mouvement

1.  Les codes de la lettre privée sont respectés : indications des lieux (« Au château »), emploi des pronoms personnels « je » et « vous » et des déictiques spatio-temporels « hier ».

2.  Le ton employé par la marquise impose l’obéissance : elle emploi des phrases injonctives au présent de l’impératif : « revenez », « Partez-sur-le-champ ; j’ai besoin de vous », « jurez-moi ». Cependant, elle réussit à inverser les rapports de force de manière illusoire en faisant croire à l’émetteur qu’il domine l’échange grâce à l’usage du conditionnel présent (« Ce peu de mots devrait suffire ; et, trop honoré de mon choix, vous devriez venir, avec empressement, prendre mes ordres à genoux »).

3.  Une antanaclase portant sur le terme « bontés » repris par le pronom adverbial « en » qui prend deux sens différents, celui de « gentillesse » puis celui de « faveurs » fait allusion au passé amoureux de la Marquise et du Vicomte. Une seconde allusion à leur passé commun est éclairé par une note : « Pour entendre ce passage, il faut savoir que le comte de Gercourt avait quitté la marquise de Merteuil pour l’intendante de …, qui lui avait sacrifié le vicomte de Valmont, et que c’est alors que la marquise et le vicomte s’attachèrent l’un à l’autre. »

4.  La Marquise présente son projet de manière positive par l’emploi d’adjectifs qualificatifs ou de complément de l’adjectif mélioratifs : « une excellente idée », « digne d’un Héros ». Elle valorise également l’émetteur en évoquant le fait d’inscrire cette « rouerie » dans ses Mémoires, genre littéraire à la mode et dans lequel étaient retracées les grandes actions de personnages importants (avec insistance exprimée par l’adverbe « oui ») et en l’associant à des figures positives («  fidèle Chevalier », « un Héros »).

5. La lettre est ponctuée de questions oratoires  : « que faites-vous, que pouvez-vous faire chez une vieille tante dont tous les biens vous sont substitués ? », « Qui m’aurait dit que je deviendrais la cousine de Gercourt ? », « Vous ne devinez pas encore ? ». Ainsi que d’exclamations : « Eh bien ! (…) Oh ! L’esprit lourd ! ». Elle pose les questions et formule elle-même les réponses : « Mme de Volanges marie sa fille : c’est encore un secret ; mais elle m’en a fait part hier. Et qui croyez-vous qu’elle ait choisi pour gendre ? Le Comte Gercourt. ». Elle feint de s’être laissée entraîner dans une conversation : « Mais laissons cela, et revenons à ce qui m’occupe ».

Deuxième mouvement

1.   L’emploi de connecteurs logiques fait apparaître les articulations du raisonnement logique : «mais » (valeur d’opposition), « en effet » (valeur de cause), « donc » (valeur de conclusion), « car » (valeur de cause), « et puis » (valeur d’addition), « au reste » (valeur d’addition), « de plus » (valeur d’addition).

2.  L’antonomase du nom commun (« l’Héroïne de ce nouveau Roman ») valorise le personnage désigné et le présente comme appartenant à l’univers romanesque.

3.  La phrase exclamative : « Comme nous nous amuserions le lendemain en l’entendant se vanter ! » marque l’enthousiasme de la Marquise.

4.  Les jugements de valeurs de la Marquise à l’égard de l’éducation féminine transparaissent dans les adjectifs qualificatifs qu’elle emploie (« sotte présomption », « ridicules préventions ») et dans leur répétition (« préjugé plus ridicule encore »), mais aussi parce qu’ils sont placés par Gercourt lui-même sur le même plan que des préjugés s’appuyant sur un détail physique : « la retenue des blondes », « si elle eût été brune, ou si elle n’eût pas été au Couvent. »

Troisième mouvement

1.  La précision des indications temporelles (« demain matin », « demain à sept heures du soir », « À huit heures », « à dix ») font apparaître la précision avec laquelle elle entend orchestrer sa vengeance.

2.   En employant le futur de l’indicatif(« recevrez », « recevrai », « rendrai », « reviendrez »), des phrases courtes et l’asyndète (absence des coordonnants attendus), la Marquise présente les faits comme certains.

3.  Les codes de la lettre privée sont respectés : indications des lieux (« Paris ») et de temps (« Ce 4 août ») ainsi que des déictiques spatio-temporels « demain matin », « demain à sept heures du soir », « À huit heures ».

4.  Les commentaires de l’auteur, se faisant passer pour le « rédacteur » d’une correspondance réelle favorisent l’effet de réel et l’idée que la correspondance est authentique. La deuxième note éclaire l’allusion à la relation amoureuse passée entre les deux protagonistes.

Lecture analytique Bac français

Rappel de la problématique :

En quoi cette lettre extraite des Liaisons dangereuses de C. Laclos dresse-t-elle un portrait de la Marquise de Merteuil ?

A.   Une lettre pour nouer l’intrigue

  • Feindre une correspondance réelle
    Respect des codes de la lettre privée et la présence des notes du « rédacteur » (l’auteur se fait passer pour celui qui a trouvé cette correspondance) : L’auteur multiplie les procédés visant à faire croire que la correspondance que le lecteur a sous les yeux est authentique et privée.
  • Faire de la correspondance un roman
    Les indications temporelles, l’emploi du futur de l’indicatif, de phrases courtes et de l’asyndète dans le dernier paragraphe : Ces procédés font apparaître la maîtrise de la marquise et la précision avec laquelle elle entend orchestrer sa vengeance.
  • L’orchestration d‘une vengeance
    Le choix d’un lexique renvoyant à la littérature et l’antonomase du nom commun : L’auteur s’amuse à faire souligner le caractère romanesque de l’action par la Marquise au lieu de tenter de le masquer. Ainsi, il crée un effet de réel et de mise en abyme en mettant en scène un roman dans le roman épistolaire.

B. Peindre une société pervertie

  • Mettre en scène la connivence des deux roués 
    Présence d’adjectifs qualificatifs énonçant un jugement de valeur négatif sur la vision de Gercourt de l’éducation féminine. Un principe d’éducation et les préjugés s’appuyant sur un détail physique mis sur le même plan : « si elle eût été brune, ou si elle n’eût pas été au Couvent » : L’immoralité et la volonté de se venger qui motive le projet de la Marquise se double d’une dénonciation d’une forme d’éducation jugée néfaste aux femmes.
  • Mettre en scène une société pervertie
    L’antanaclase sur le terme « bontés » repris par le pronom adverbial « en ». L’allusion à leur passé commun éclairée par une note : Cette lettre vise aussi à définir les liens qui unissent l’émettrice et le récepteur de la lettre.
  • Critiquer les principes de l’éducation féminine
    Emploi d’adjectifs ou de complément de l’adjectif mélioratifs pour qualifier ses projets. Terme « rouerie », connoté de manière positive : la Marquise révèle sa perversité, sa cruauté et son immoralité en présentant de manière méliorative les actions immorales qu’elle s’apprête à faire faire à Valmont.

C.  Un portrait en creux

  • Une Femme appartenant à la haute société et maîtrisant ses usages 
    Emploi de phrases injonctives à l’impératif présent. La répétition du verbe vouloir puis emploi du verbe exiger : « je veux bien vous en confier l’exécution », « je veux donc bien vous instruire de mes projets », « j’exige ». : La Marquise se présente comme une femme dominatrice et exigeante qui ne souffre aucun refus.
  • Une femme dominatrice 
    Suite de questions oratoires et d’exclamations créant un effet d’attente. Le jeu de questions/réponses. Donner l’impression au lecteur qu’il suit une conversation : la Marquise apparaît comme une personne de la haute société, qui en maîtrise les usages, et sait donner à sa correspondance les charmes de la conversation.
  • Une femme manipulatrice
    Emploi du conditionnel présent et de connecteurs logiques faisant apparaître le raisonnement. Valorisation du récepteur (fait d’inscrire cette rouerie dans ses Mémoires, et association à des figures positives) : La marquise s’affirme comme une femme froide, calculatrice et manipulatrice, elle se fait obéir en donnant l’impression au récepteur qu’il est libre de choisir et en le flattant.
 

Bac Français : Liaisons dangereuses – Lecture analytique de la lettre II 

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Bac français : Liaisons dangereuses de Laclos


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